Breakdance et diététique : à la recherche d’un meilleur équilibre

.Quel rapport entre le break danse et l’alimentation ?
Les jeunes se nourrissent surtout d’hamburgers, de pizzas, de kebabs et de tacos. Une vraie addiction.
Ça peut se comprendre. Ce mode d’alimentation, c’est fun, rapide, tendance. C’est aussi ce que consomment les parents. Du coup, les fast-foods prospèrent dans les quartiers. Résultat : ils sont toujours plus nombreux et de plus en plus jeunes à être en surpoids. Un fléau. Ceci posé, il ne faut pas négliger la question de moyens. Même si une pizza ou un kebab coûte presque aussi cher qu’un plat du jour dans un restaurant, proposer des aliments bio de saison n’est pas forcément rentable pour un fast-food. Mon pari, c’est de passer par la danse pour inciter les jeunes à mieux se nourrir.

Vous allez leur donner des cours sur la nutrition ?
Certainement pas. Personne ne m’écouterait. En plus, cela pourrait être perçu comme une critique de leur mode de vie et des choix de leurs parents. Je préfère « travailler » en douceur. Lors d’entraînements, je profite de la présence de danseurs professionnels ou de sportifs accomplis pour aborder le sujet directement ou pas. D’entendre ces sportifs qu’ils admirent leur expliquer combien ils veillent à avoir une alimentation équilibrée afin d’améliorer leurs performances, les amène à réfléchir. A la veille d’une battle (compétition en duel) ou d’un spectacle, je leur propose d’essayer de consommer des légumes, de limiter leur consommation de viande et de dormir suffisamment pour mettre toutes les chances de leur côté. A force, ils finissent par en parler aux parents. Il arrive qu’ils refusent de manger tel ou tel plat pour « être en forme ». Un dialogue s’établit. On progresse à petits pas. Changer des habitudes bien ancrées prend du temps. L’autre problème, c’est la sédentarité. A mon époque, on dansait dans les cages d’escalier, dans les parkings, on passait nos journées dehors. Aujourd’hui, on ne voit plus personne dans les rues. Les gamins sont collés à leur téléphone ou préfèrent les jeux vidéo.

Que pouvez-vous faire ?
A mon petit niveau, je ne peux que donner l’exemple et intervenir le plus possible sur le terrain afin de les inciter à se mettre en mouvement. Je suis d’ailleurs très heureux que la mairie de Givors ait décidé de soutenir la création d’une section de breakdance. Elle met à notre disposition une salle dans le Parc des sports qui sera dotée des équipements de musculation. Nous aurons aussi accès à une autre salle avec un revêtement souple pour les mouvements acrobatiques. Nous allons constituer quatre groupes d’une quinzaine de jeunes (6-8 ans, 8-10, 11-13, 14 ans et plus) qui pourront s’entrainer le mercredi et j’espère le samedi dès septembre. A la fin de l’année scolaire, ils pourront obtenir une licence, comme cela se fait dans différents sports comme football.

Comment allez-vous choisir les jeunes qui feront partie de cette section ?
Début juillet, puis fin août, nous animerons des ateliers au village sportif. Il s’agira d’initier les jeunes intéressés aux techniques de base du Hip-Hop. Nos critères sont principalement la motivation des candidats et leur potentiel physique.

Vous comptez monter un spectacle ?
Pas à ce stade. Ce que j’aimerais, c’est que le breakdance ne s’organise plus seulement en rencontres amicales mais prenne une dimension plus formelle. Pour le moment, cette discipline n’est pas très structurée. A l’exception d’un grand rendez-vous mondial organisé chaque année en Allemagne, Le Red Bull BC One, les compétitions sont organisées par les danseurs eux-mêmes ou par des associations. Du coup, on ne sait pas très bien qui fait quoi, où et quand. Ce qui peut inquiéter les parents. Pour qu’ils encouragent leurs enfants, il faut les rassurer.

Muriel Scibilia