Pour la lyonnaise Lucie Vacher, Vice-présidente de la Métropole de Lyon chargée de l'enfance, la famille et la jeunesse, il est essentiel de permettre aux jeunes d’être une force de propositions et d’interpellation des élus.
Quelle est la fonction du Conseil métropolitain des jeunes ou COMET JEUNES, institué par la Métropole de Lyon ?
Il s’agit de permettre à des jeunes de réfléchir et d’agir sur des sujets qui les concernent afin de devenir des citoyens responsables et engagés. Une cinquantaine de collèges participent à ce dispositif. Chaque établissement élit un représentant. Les jeunes délégués se réunissent un mercredi par mois et travaillent dans le cadre de différentes commissions sur des thèmes tels que l’éco- citoyenneté et le développement durable, le changement climatique, l’alimentation et la lutte contre le gaspillage, la lutte contre toutes les formes de discriminations ou l’éducation à l’image, aux médias et au numérique. Le résultat des réflexions de cette assemblée junior sont ensuite présentés aux élus.
La parole des jeunes a-t-elle quelque chose de spécifique ?
Elle est plus spontanée, relativement plus franche. Il nous revient toutefois de mieux comprendre comment faire évoluer le COMET JEUNES afin que les travaux de nos jeunes délégués soient plus largement diffusés et débouchent sur des actions concrètes. Il importe que ces jeunes soient une force d’interpellation et de propositions auprès des élus. J’aimerais aussi mettre en place un conseil des jeunes pour les enfants placés. Ils ont peu de possibilités de s’exprimer et ne font pas spontanément la démarche de se présenter dans leur collège lors de l’élection du délégué.
On parle beaucoup de l’anxiété des jeunes qui aurait été aggravée par la crise sanitaire.
Le désarroi des jeunes est profond. C’est indéniable. Pour ce qui est de la crise sanitaire, dans un premier temps, nous avons pu penser que les jeunes étaient les mieux lotis dans la mesure où ils étaient moins touchés par le virus. Et ils ont de fait été laissés de côté dans la gestion de la crise. La pandémie a particulièrement impacté les jeunes, notamment les étudiants suscitant de nombreuses interrogations autour de la validité des diplômes acquis pendant la crise, des difficultés à décrocher un stage ou un boulot alimentaire, de l’insertion professionnelle voire de l’impossibilité de faire une césure à l’étranger. Des syndicats d’étudiants nous ont alertés sur le basculement de certains jeunes dans une grande précarité ou sur les conséquences de la pandémie sur la santé mentale. Il y a eu des tentatives de suicides dans la Métropole de Lyon. Et il est possible que nous découvrions d’autres conséquences à plus long terme. Il ne faut pas non plus négliger la crise environnementale qui reste une grande source d’inquiétude pour les jeunes. Ils se sont d’ailleurs beaucoup mobilisés pour protester contre l’inaction des responsables politiques.
Que pouvons-nous dire et faire pour redonner un peu d’espoir à cette génération ?
Il importe de miser sur le collectif, l’engagement, la solidarité et la création de lien.
Quel est le sens de votre collaboration avec les Dialogues en humanité ?
La force des Dialogues réside dans sa capacité de favoriser la mise en lien, d’échanger, de rencontrer des personnes de tous horizons pour dialoguer dresser un état des lieux de la planète et d’essayer de comprendre comment construire un avenir plus supportable et plus désirable. En cela, les Dialogues sont clairement porteurs d’espoir.
Quelle a été l’implication des jeunes dans la préparation des dialogues ?
Ils ont joué un rôle clé dans l’élaboration du Programme des Dialogues. Encadrés par de jeunes bénévoles et des membres du service civique, ils se sont retrouvés tous les mercredis et vendredis autour d’un pique-nique dans le parc de la Tête d’or afin de partager leurs réflexions. Ce type de rencontres et d’échanges peut déboucher sur de nouvelles initiatives, d’autres perspectives et des engagements plus pérennes.
Pourquoi est-il si important aujourd’hui de favoriser tout ce que peut être créateur de liens ?
De manière générale, c’est essentiel pour enclencher du changement quel qu’il soit. La crise sanitaire a été marquée par une série de rupture de liens. C’est ce qui a contribué à rendre cette période aussi difficile à vivre. Or, échanger en direct, partager des expériences permet d’envisager d’autres possibles et d’élargir l’horizon. Bien que les jeunes aient été très actifs sur les réseaux sociaux, ces derniers ne remplacent pas les relations humaines.